et de sons, mais une manière de vivre. (Tristan Tzara)
La poésie, si l’on excepte celle qui n’est que littérature, se révèle à elle-même, affleure dans sa plus pure expression. Elle est. Tout comme nous sommes.
La poésie est un cadeau de la nature, une grâce, pas un travail. La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer. Henri Michaux.
Bien souvent, l’organisation de la journée savamment pensée alors que je prends ma douche part en vrille. Plutôt que de prêter mon temps à ce que j'ai programmé dans mon agenda ou sur mon tableau, je me mets à réfléchir à ceci, à cela, à demain, et notamment, à la manière dont je pourrais davantage contribuer à un monde meilleur. De quelle façon pourrais-je allier ingénieusement méditation, hypnose, écoute bienveillante, présence et écriture ? J’ai le souci d’aider autrui à aborder tous les secteurs de sa vie en décryptant ses perceptions sous la loupe du mystère de la vie, en se rabibochant avec son ombre, mais aussi sa lumière pour éclairer les encoignures du quotidien.
J’aurais aimé être accompagnée d’un enseignant rassurant, présent, doté d’un regard sensible sur les choses. Je me suis sentie bien seule dans mes itinérances et cette solitude est solidement collée à mes souliers. Mais c’est une solitude humaine, joyeuse et triste à la fois, consciente d’exister, nue, écorchée. C’est donc ce livre-là de ma vie que je suis en train d’écrire, et ce guide de l'humain que je m’efforce d’être. Tous les jours, d’une façon tout à fait singulière, nous transcendons notre souffrance, nous la sublimons.
Partir en vrille/La journée c’est toute une vie/La solitude au pied.bé
Et me voici becquetant goulument par-ci par-là des mots à propos de la sublimation et de la transcendance.
Le sublime serait lié au sentiment d’inaccessibilité, déclenchant l’étonnement, voire la crainte. Il destitue le beau. D’autant plus que la laideur peut, elle aussi et même davantage, engendrer la surprise et l’effroi, mais aussi l’admiration.
Transcender signifie se situer au-delà de, être d’un autre ordre. Or le poème (et le haïku) ne traduit-il pas cette impétuosité à transcender le réel ? Il ne le fuit pas, surtout s’agissant du haïku d’ailleurs, le poème ne transforme pas l’existence spécialement pour la rendre plus belle ou plus laide, il la décrit avec les sens, il lui fait et donne sens, sous un éclairage ignoré jusque-là, exhalant cette sensorialité propre à tout récit poétique et de soi.
Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Rimbaud.
La sublimation, en psychanalyse, est décrite comme la dérivation de la pulsion sexuelle, par exemple, en une création artistique. Alors que pour les physiciens, il s’agit du passage de l’état solide à l’état de gaz, sans passage par l’intermédiaire liquide. Ce qui était solide disparaît sans laisser de trace. Tandis que les textes alchimiques parlent de « sublimatio », la réalisation de soi.
La Poésie crée le poème et dit en même temps la création du poème. Le poème parle d’autre chose que de lui-même et, en même temps, il raconte aussi sa propre naissance. Autrement dit, seul le poème est vraiment qualifié pour parler de sa genèse. Le poème, pas le poète, encore moins le psychologue. Philippe Lekeuche
En fait, la sublimation me semble être un processus infini alors que le sublime s’accole à un objet.
Pour le coup, la souffrance sublimée par l’art est-elle encore sublime ? Elle n’est plus objet d’effroi, elle s’est dissociée du sujet pour devenir œuvre d’art sur laquelle le créateur pose désormais un regard distancié.
bé
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