Certains d'entre nous grandissent tels des cactus ni trop près ni trop loin des oasis.
Aujourd'hui, nous entendons beaucoup parler de Présence, de Posture, de Pleine Conscience, théories et pratiques fort à la mode depuis nombre d'années.
Je pense que l'on peut grandir le poil hérissé au sein de l'Absence, emmitouflé dans une couverture polaire, les chaussettes trouées et le sommeil interrompu par le bruit incessant du monde.
Il est des jours d'absence, des jours en boule, des jours hérisson. Pelotonné dans des picots. Ainsi soit-il.Présence et Absence seraient les deux faces du miroir.
Je ne parle pas de l’absence à la Verlaine d’une personne ou d'une chose. Cette absence-là est bien plus prégnante que la présence. Elle occupe, elle colmate.
Je voudrais faire un Livre qui dérange les hommes, qui soit comme une porte ouverte et qui les mène où ils n'auraient jamais consenti à aller, une porte simplement abouchée avec la réalité.
a écrit Antonin Artaud dans L’ombilic des Limbes. Artaud qui a cherché le mot. Le mot de l'instant. La pensée immédiate. La seule qui serait vérité. L'a-t-il trouvé, ce mot, cette vérité ?
Je crois que ce livre qu'il voulait tant écrire, existait déjà bien avant lui, bien avant nous. La vie. Ce livre, ce serait la Vie-même, constellée de portes et de miroirs. Le récit de Soi.
Regardons bien. Comme s’il nous fallait mourir et que seul cela comptait. Non pas vivre, mais mourir. Mourir à l'illusion d’être d’une quelconque nécessité, d'une particulière importance pour autrui et pour le monde.
C'est peut-être dans l'abandon de cette illusion que nos singularités se rejoindront.
Bé
Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ; ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce que vous êtes. Lewis Caroll. Au pays des merveilles
