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Photo du rédacteurBéatrice Bertieaux

La houle est capricieuse, pourtant bien des gens tirent leur cliché.

Dernière mise à jour : 16 déc. 2020

Mercredi 16 décembre, et j’ai juste envie de dire ...

Toute vie traverse des hauts et des bas. Notre existence sur cette planète est un océan de perceptions.

Dans ce roulis de la réalité, nous sommes propulsés d’une pièce à l’autre de notre psyché. La façon dont nous apprécions les événements, quels qu’en soient les remous et les implications, est singulière. Elle émane de tant de variables : le vécu personnel, l’environnement, la culture, un entourage positif ou délétère, les liens amicaux, amoureux, la religion, l’éthique et les croyances, le rapport que nous entretenons avec le monde, à tel moment, en tel lieu, la chance aussi, les synchronicités propices ou malvenues, notre chimie interne, une rencontre…

Tous ces bouleversements colorent nos jours et nos nuits et en dépit de nos bémols, de nos dièses, de nos insomnies, de nos vomissements, nos sanglots, et nos noyades, nous nous pensons libres ! C'est du délire.


Je peux me tromper, je ne parle peut-être qu’à mon stylo. Mais quand bien même nous prêtons attention à notre regard sur les choses, à l’angle que nous choisissons d’adopter, debout, assis ou couchés, la perspective, la lumière, notre désarroi face à l’horizon accentue le mystère. Et face à cette énigme, nous sommes seuls, nous gérons seuls, vivons l’amour, le désamour, le rejet, l’abandon, ou encore la trahison dans nos tripes, seuls, toujours seuls. Et j’ai presque envie de dire : waouh, bravo, quel courage ! Mais quand même, parfois, une boîte de Mon Chéri, ça suffit à oublier tout ça.


le vent dans les arbres

herbe cueillie au matin

l’air de rien chagrin


La houle est capricieuse, pourtant bien des gens tirent leur cliché. Ce n’est pas un secret de polichinelle. Alors pourquoi ai-je besoin d’écrire ces mots ?

Je suis doué d’une sensibilité absurde ce qui érafle les autres me déchire, écrivait Gustave Flaubert.

Et ce n’est pas la première fois que je le cite tant ces mots me parlent et me déchirent. Des hectares d’incendie du cœur que du haut de mes talons et mes moues, de mes élans du coeur, je n’ai jamais réussi à éteindre.


Tout comme l’impatience. Je n’ai pas la notion du temps, la norme, je veux dire, le standard. Le lâcher-prise, très franchement, je ne connais pas. J’en suis à me demander si ce n’est pas le mantra d’une secte.


Je m’étonne aussi à chaque fois quand quelqu’un me dit, l'air compréhensif : « Ah oui, moi aussi, je te comprends. » Cela m’effraie en fait, me sidère. Je ne sais pas si je dois fuir à toutes jambes, ou faire la morte. Est-ce manipulation, le pied dans la porte, le temps de nourrir l’égo de l’un ou de l’une, la virilité, la vitalité ? No comprendo. Laisse-moi tranquille, je nourris ma singularité.


Pour en revenir au temps dont je n’ai sans doute pas la même notion, je ne tolère pas l’attente. L’impatience est pour moi du niveau du 42° de fièvre, la grippe, le coronavirus, l’insoutenable, et quoi qu’il en soit, et surtout, la Faucheuse au bout du tunnel. Car au-delà du temps que j’impartis à toute chose, c’est la mort assurée. Je suis passée de vie à trépas moult fois. La Nausée de Sartre, c’est quand je vis entre les deux.

L’hypersensible que je suis comprend très bien ce que Flaubert ressentait. Vivre entre parenthèses, ce n'est pas donné à tout le monde et les ouistitis en sont incapables.


Le travail, la méditation, le bon sens, la rationalisation, l'art, la solitude, le sport, la fuite, ces diverses disciplines pansent quelque peu nos blessures, mais elles ne les effacent pas. Nous nous trimbalons avec nos cicatrices, nous en cachons certaines, mais il suffit d’un certain regard, de l’autre ou même de soi sur nous-mêmes, pour que celles-ci se dévoilent. Et soudainement, dans la tempête, on se sent nu, obligé de quitter le lointain des choses pour se payser en soi.


Un être libre, c’est rare, mais tu le repères tout de suite, d’abord parce que tu te sens bien, très bien quand tu es avec lui.  Charles Bukowski.

On en arrive à la fin de cette année 2020. Et si je devais plus ou moins clôturer cette année, comme si c’était le dernier jour de ma vie, je me questionnerais: mais in fine, qu'ai-je donc offert à l'humanité ?


Sur cette terre

Une hirondelle je suis

Le cœur Sherlock Holmes



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